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L'Idiot
Pièce au répertoire du théâtre RAMT depuis
sa création en octobre 2004.
En décembre 2004 Régis Obadia a obtenu la Mouette du meilleur metteur en scène au Festival Tchaïka
à Moscou. |
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Photos
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Répétition
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Distribution
Scénographie, mise en scène et chorégraphie : Régis obadia
Adaptation : Lisa Wiergasova
Vidéo : Woijciech Staron
Son : Morgan Conan-Guez
Acteurs : Denis Balandin, Irina Nizina, Alexandre Ustugov, Nelly Uvarova, Alexei Blochin,
Alexandre Doronin, Iliya Isaiev, Eugène Redko, Larisa Grebenshikova
Organisation : Le RAMT, Théâtre des nations, Compagnie régis Obadia, Centre culturel français
de Moscou, avec le soutien de l'Ambassade de France
Entretien avec Florence Mauro
Lisa Wiergasova pourquoi cette adaptation de L’Idiot aujourd’hui ?
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Parce que la question de la beauté, son existence, son absence est une problématique particulièrement actuelle. Et puis cela m’intéressait de confronter Régis Obadia, son travail de chorégraphe, à une autre culture, à des comédiens qui ne sont pas des danseurs.
Connaissant très précisément son travail, sa manière de diriger, je lui disais souvent qu’il devrait travailler avec des acteurs russes, des artistes qui viennent d’un autre enseignement, des artistes tellement passionnés, dont le corps s’engage, comme celui du danseur s’engage d’habitude, sans contrainte de temps ni d’espace.
J’ai fait cette adaptation l’été 2001 en une quinzaine de jours. Je connaissais déjà parfaitement le texte et je savais depuis longtemps l’adaptation que je voulais faire.
Il y avait pour vous aussi, Régis Obadia, cette évidence de travail ?
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Mettre en scène L’Idiot de Dostoïevski c’était un mirage magnifique mais un mirage lointain. Je connaissais bien sûr le texte. Dostoïevski est un de mes écrivains préférés. J’ai été très impressionné par l’adaptation de Lisa. J’ai été très ému par ce travail. J’avais monté Le Sacre du Printemps à Moscou en 1994. Depuis, j’ai acquis là-bas une certaine crédibilité. Nous sommes donc retournés à Moscou et peu à peu, nous avons rencontré des directeurs de théâtre et de compagnie. Alors nous avons convaincu le RAMT.
Ils ont lu l’adaptation, nous ont posé des questions sur la quantité de texte existant et le projet de mise en scène en face à mon statut de chorégraphe.
« Il y aura du mouvement, de l’image et de la musique… ». En fait je sais exactement ce que j’ai envie de faire mais je ne peux pas leur expliquer. Alors le théâtre me fait confiance. La pièce sera coproduite par le théâtre des Nations, le RAMT, le centre culturel français à Moscou. Le RAMT fonctionne sur la présence de compagnies constituées de jeunes comédiens. Il a été fondé par Mikaël Tchekhov. L’Idiot est venu s’intercaler dans une planification déjà très complète. Imaginez la disponibilité de l’espace pour répéter et celle de certains comédiens…
Comment se déroule la mise en place du spectacle ?
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Le premier casting pour les quatre rôles principaux a lieu en Avril. Avec Lisa, on voit énormement de pièces sur place (il y a une grande activité de théâtre à Moscou) et l’on repère des acteurs.
La première réaction des acteurs c’est d’être impressionnés par la demande. Ils sont prudents. Adapter L’Idiot de Dostoïevski c’est comme ici adapter Proust. Ils sont en même temps, et bien évidemment attirés par une telle aventure, un tel défi.
Ensuite, dans ce lieu stratégique du RAMT où l’espace à notre disposition est en travaux, on planifie le travail. On engage dix-huit acteurs sur deux mois et demi. Les acteurs sont déplacés dans un autre lieu pour les répétitions. Pendant tout ce temps il faut rappeler que nous montons parallèlement un autre spectacle en France de Hip Hop mais nous finissons par enchaîner les répétitions à Moscou.
A quel moment débute votre travail de metteur en scène ?
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A la première lecture de la pièce. C’est un moment émouvant. Lorsque tous les comédiens sont autour de la table…Les voix, les visages les corps existent, ils commencent à incarner un texte, des personnages. A cette présence du texte dit et à ces visages, ces regards, j’ai réalisé ce jour-là que j’allais devoir monter cette pièce réellement. Ce n’était plus un mirage lointain. Les acteurs étaient là, devant moi, dans leur singularité, personnalités, irrégularités, pas seulement corps de danseur, parfois âgés.
Alors avant la lecture, je me suis rendu compte que je m’échauffais comme tout danseur avant la phase réellement active du travail, celle de l’interprétation. J’étais étranglée entre le désir immense, le défi et la panique.
Et la langue ? Vous parlez Russe ? |
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Non, mais Lisa était ma voix. Elle était l’intermédiaire, et puis peu à peu, nous nous sommes mis avec les comédiens, à nous comprendre par signes, onomatopées, mouvement du regard, inflexions de la voix. J’étais, c’est vrai, confronté à leur langue, difficile, à leur expression différente. Je ne me suis jamais lassé de les écouter : ce n’était plus un texte qui se répétait mais une musique dont j’aidais le refrain à trouver les accents profonds et nécessaires.
Que fait un chorégraphe lorsqu’il doit mettre en mettre en scène d’un texte ? |
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De l’énergie. Le mouvement pour moi c’est le prolongement de l’état d’acteur. Les acteurs n’étant pas des danseurs, ils devaient jouer un texte, l’interpréter. Ils pouvaient danser avant ou après mais jamais pendant la réplique.
Comme pour toute mise en scène, les acteurs doivent croire en celui qui les dirige. Peu à peu, je voyais que, pris ou épris de l’espace c’étaient eux qui m’emmenaient.
Puis j’avais une vision globale de la scène. Il fallait révéler cette vision.
Pour chaque comédien « entrer dans la scène » demande un énorme investissement. Il fallait trouver le cheminement nécessaire pour amener les comédiens vers une idée précise. Souvent je leur donnais une table, une chaise, une échelle, en fait un objet qui leur permettrait de placer leur corps. Un élément hétérogène qui permettait l’esquisse. La mise en condition de l’acteur passe par une succession d’événements que le metteur en scène lui soumet peu à peu. C’est une mise en condition parallèle. Nous avons travaillé sur le murmure, sur de petites actions. Nous devions créer ensemble un état de transparence où toute lecture est possible ; il fallait permettre aux comédiens de rentrer en mouvement puis de dire le texte avec leur propre caractère. Puis le texte reprend le dessus. Alors il fallait retrouver la justesse de comportement avec le texte, garder la concentration du corps, l’angle et la justesse du texte ; le texte ne doit pas tomber.
Avez-vous eu le sentiment que des comédiens répondaient à votre attente ? |
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Les acteurs, les actrices ont fait un travail remarquable. Nous avons répété pendant deux mois et demi, le travail fût intense. J’avais l’impression à la fin des répétitions que mes acteurs étaient devenus des danseurs. Au fond, ils formaient une équipe d’une grande disponibilité- malgré leur emploi du temps plein- ils voulaient apprendre, ils avaient une manière incroyable de se jeter dans une scène. Et chaque fois le comportement du comédien doit me raconter quelque chose.
Le public vous a applaudi, ovationné…
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Oui c’est vrai. Nous avons même eu la « Mouette » qui récompense le meilleur metteur en scène*. Mais vous savez, rien n’est jamais acquis ; à chaque représentation, c’est l’aventure du spectacle. En ne parlant pas russe, je ne suis pas accroché aux mots, j’ai gardé une liberté.
Les acteurs sont restés des acteurs, sont devenus des danseurs. Dostoïevski révèle l’âme. J’ai souhaité faire en sorte que ces comédiens deviennent libres dans leur corps et qu’ils mettent leur corps au service d’un texte.
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